Essais mécaniques - Partie 2


 

Essais de Résilience, de Fatigue et Divers

 

 

Essais de résilience :

 

But de ces essais :

Déterminer la résistance au choc des pièces, qui est une caractéristique primordiale pour le choix des matériaux dans la construction.

Formule fondamentale et interprétation de la résilience :

Si une force de poids P tombe d'une certaine hauteur H on enregistre au niveau de l'éprouvette e un certain travail disponible (Wd). 

 



Après cassure de l'éprouvette, on peut enregistrer un travail résiduel (Wr) ce qui permet de déduire le travail absorbé (Wa) ou travail nécessaire pour effectuer la rupture de cette éprouvette.
En considérant la section nette de l'éprouvette (section restante après entaille), on déduit :

Résilience = Travail absorbé / Section après entaille.

Si la résilience porte symbole K, on a :

K = Wa / S.        (W en Joule ; S en cm²)

Éprouvettes d’essai :

La valeur K de la résilience, donnée en joule par centimètre carré, doit être accompagnée d'un repère désignant le type d'éprouvette et la forme de l'entaille, afin de pouvoir faire des comparaisons ; on aura ainsi :

KUF : UF signifie entaille Unifiée Français (I.S.O) ;
KM : M signifie entaille Mesnager (D.V.M). 




Machines et méthodes d'essai :

Mouton Charpy :

Le bras portant le marteau vient casser l’éprouvette dans sa chute en rotation, puis il remonte en sens inverse après rupture. La valeur de la remontée est enregistrée sur le cadran angulaire afin d'apporter plus de précision à l’essai.

Résultat obtenu :

Soit :

  • travail disponible Wd = PH ;
  • travail résiduel :  Wr = pH ;
  • travail absorbé : Wa = Wd – Wr     ou     Wa = PH – Ph = P(H-h)     et résilience     K = P(H-h) / S.

La valeur de h est obtenue en fonction de la valeur angulaire α donnée par la remontée du bras.

 



 

Autres méthodes :




 

Essais de fatigue :

 

But de ces essais :

Les essais usuels : de traction, de résilience, de dureté ne permettent pas de qualifier les matériaux en vue de toutes leurs applications. Ces essais supposent de des efforts simples et constants alors que, dans la plupart des cas, les sollicitations auxquelles sont soumises les pièces sont variables et répétées. C'est pourquoi certaines pièces, qui ont été calculées en résistance des matériaux pour résister à des efforts plus importants que ceux auxquelles elles sont soumises, cassent au bout d'un certain temps.

Tous les essais classiques étudiés précédemment ne font généralement intervenir que deux paramètres. On a donc créé d'autres essais faisant intervenir un autre paramètre : le facteur temps ; ce sont les essais de fatigue.

Durant tous ces essais, la pièce est soumise à des sollicitations se rapprochant le plus possible de celles enregistrées lors de son fonctionnement et durant un temps déterminé.

Ce temps est exprimé en alternances, c'est-à-dire : périodes entre lesquelles l'effort est maximal et minimal :

  • Pour les aciers : nombre minimal d'alternances : 30 millions.
  • Pour les alliages : nombre minimal d'alternance : 100 millions.

 

Cassure d'une pièce due à la fatigue :

Soient deux régions distinctes :

  • Une région présentant une structure granuleuse.
  • Une région présentant des ondes, la surface est polie.

 



Processus de la cassure :

Tout d'abord, il faut se remémorer le diagramme de traction.

 



La région nous intéressant est la région A, c'est-à-dire la région de déformations élastiques.

Lorsque nous avons étudié la traction, nous avons dit que dans cette région la pièce se déformait si on la soumettait à une contrainte donnée Fe et si l’on relâchait la charge, elle reprenait exactement sa forme initiale.

Ceci est vrai dans les grandes lignes, mais en vérité, la pièce ne reprend sa forme qu'au bout d'un certain temps (environ 10 à 20 minutes suivant l'effort). Cette caractéristique est due à l'élasticité rémanente que possèdent tous les corps.

Donc, si l'on relâche la charge, le point H ne reviendra pas en O mais en H’ :

H’ O --> élasticité rémanente.

De ce fait, on comprend que, dans la pièce, il y ait formation de contraintes qui, à la longue, peuvent donner naissance à une micro-fissure, qui, au cours du fonctionnement, augmente avec les vibrations et s'achemine dans les joints des cristaux. Il se produit une fissure circulaire qui diminue la section et provoque la cassure.

                                              

Les essais :

Afin de déterminer la limite de fatigue, on a mis au point différents essais qui se rapprocheront le plus possible des conditions de fonctionnement.

Courbe de Wôhler :

On expérimente une série d'éprouvettes de même nature ; on applique des charges croissantes :  F1, F2, F3.

On enregistre le nombre d'alternances : n1, n2, n3, pour lesquelles les éprouvettes se rompent.

On calcule les contraintes : f1, f2, f3, correspondant à ces efforts, en appliquant les formules classiques de la traction, de la torsion et l'on trace la courbe des contraintes en fonction du nombre d'alternances (courbe ayant la forme hyperbole).

 



La courbe possède une asymptote qui correspond à une valeur pour laquelle il n'y aura pas rupture de l'éprouvette, quel que soit le nombre d'alternances.

Donc, si l'on reste en dessous de l’asymptote, les éprouvettes par suite les pièces, auront une durée illimité.

Courbe de Prot :

Malheureusement, les essais classiques de fatigue, tels qu’ils conduisent à la courbe de Wôhler, sont très longs.

Un autre mécanicien, Prot, a déterminé d'autres essais plus rapides.

Dans ces essais, Prot a diminué la durée de l'expérience.

Pour ce faire, il a fait varier la charge en fonction du temps.

Nous obtenons une courbe ayant approximativement la forme d'une droite.

 


Malheureusement, ces  essais ne sont pas aussi proches de la réalité que l’essai Wôhler. On ne peut procéder que par comparaison. Cet essai ne peut servir qu'à déterminer l'inffluence de tels ou tels facteurs sur la longévité d'une pièce.

Des deux essais précédents, il ne faudra retenir que l’essai Wôhler car, malgré la durée assez longue que l’essai, il se rapproche le plus de la réalité.

 

Facteurs influant sur la limite de fatigue :

Influence du nombre de cycles :

Les limites de fatigue varient peu avec la fréquence des efforts.

La fréquence expérimentale est comprise entre 50 et 200 cycles / s.


Influence de l'état de surface :

Les rayures d'outils qui constituent des sources de cassure diminuent, dans des proportions sensibles, la limite de fatigue.

On constate par exemple, une diminution de 12 % de la limite de fatigue en passant d'une surface rectifiée finement à une surface présentant des rayures d'outils de tour avec une avance de 0,05 et de 20 % lorsque la surface est résinée et avec une avance de 0,2.

 

Influence des traitements thermiques :

Certains traitements thermiques mal conduits entraînent des décarburations qui provoquent une rupture anticipée.

Il faut surtout éviter, dans ce domaine, le phénomène de grossissement des grains.

 

Forme des pièces :

Les angles vifs, les changements de sections diminuent les limites de fatigue.

 

Dimensions des pièces :

Les défauts prennent une importance d’autant plus grande que la pièce est petite.

 

L'accident, facteur de sécurité :

Lorsqu’une pièce travaille au-dessus de sa limite de fatigue, la rupture doit se produire inévitablement après un nombre déterminé d’alternance ; l'accident est certain à brève échéance.

La détérioration des pièces en cours de service, lorsqu'elle se produit, doit constituer l’essai le plus instructif.

Après avoir tout fait pour éviter l'accident, il faut que le service des études qui a fixé les dimensions et la nature des pièces, soit tenu très régulièrement au courant de leur vie, de façon à pouvoir établir une relation exacte entre la valeur en service et l'ensemble des propriétaires réelle des conditions imposées.

Aucun accident, aussi bénin soit-il, ne doit rester sans enseignements. Après avoir créé l'organe, il faut le faire évoluer et le perfectionner.

La vie et l'histoire de chaque pièce doivent conduire à une plus grande sécurité pour l'avenir et à un meilleur prix de revient.

 

 

 

Essais divers :

 

Essai par étincellographie :

But :

Identifié approximativement la composition d'un alliage ferreux.

Principe :

Meuler un échantillon et observer la gerbe d'étincelles produite (trajectoire, dimensions, forme, couleur, nombre).

Conditions d’essai :

Facteurs :

  • Variables : Nature de l'alliage ;
  • Invariables : Nature et vitesse de la meule ; dimension de l'éprouvette.

Pratique de l’essai :


Discussion :

Une grande expérience est nécessaire pour différencier les étincelles propres à chaque alliage.

Seul le carbone crée des éclatements caractéristiques qui croissent avec le pourcentage et certains éléments d'alliage modifient également les résultats.

 

Conclusion :

Sans prétendre remplacer l’analyse chimiques ou spectrographique, l’étincellographie - essai simple, économique - permet d'effectuer un tri rapide lors d'une réception par exemple évitant certaines confusions.

 

Matériel :

  • Éprouvette de nature différente.
  • Meule à grains à lumineux.
  • Paire de lunettes.
  • Paire de gants.

Cette étude est présentée sous une forme expérimentale pouvant être réalisée facilement.

 

Essai macrographique :

But :

Mise en évidence des procédés de fabrication ou d'assemblages.

Principe :

Attaque par impression qui permet de déceler les parties sulfureuses des aciers.

Sous l'action d'un acide, il y a dégagement d'hydrogène sulfuré qui noircit la surface d'un papier émulsif sensible à ce gaz (type « Kodak G3 »).

Conditions de l’essai :

Facteurs :

  • Variable : Éprouvettes (procédés de fabrication).
  • Invariable : Méthode.

Pratique de l'essai :

  • Scier l'éprouvette dans les sens des fibres de préférence et à cœur (ceci afin d’éviter d’opérer la macrographie sur une couche décarburée ou écrouie).
  • Approcher la surface par rectification.

 



Discussion :

  • Des traces foncées apparaissent sur l’éprouvette ; elles proviennent de l'action des impuretés sur le papier au bromure d'argent.
  • Les traces sont continues parallèles. Il en résulte que les zones pures du matériau ont été alignées régulièrement suivant des axes orientés (fibres).
  • En zone 3 on reconnaît les formes des cordons successifs. 

 


Conclusion :

Les macrographies permettent de mettre en évidence :

  • Que la pièce a subi un changement de direction par conformation (pliage ou forgeage).
  • Le nombre des passes réalisées ; la qualité de la soudure (pénétration, homogénéité, etc...).

Essai macrographique sur la pièce par réactif :

Nous donnons ici deux techniques simples pouvant facilement être réalisées, même par des non spécialistes de macrographies.

Essai à chaud :

Il suffit de préparer une solution de SO4H2 à 20%, diluée dans l'eau distillée, de polir l'éprouvette préalablement sciée comme pour l'empreinte Baumann, et de l’immerger dans la solution portée à une température de 80°C. Après un temps variable (10 à 30 minutes), il apparaît de véritables stries sur la pièce ; elles proviennent de l'attaque de l'acide sur les impuretés contenues aux joints des grains des matériaux. Les phénomènes mis en évidence sont les mêmes que précédemment.

Essai à froid :

Toujours pour la mise en évidence des procédés de fabrication et éventuellement quelques défauts internes (inclusions). On peut, après la préparation d'une pièce par sciage ou tronçonnage, la polir (polissage plus poussé ; grain de 400 ou 600), puis la badigeonner avec un réactif approprié qui comme pour les autres techniques, fera apparaître des traces brunes sur la pièce.

 

Réactifs utilisés :

Technique de FRY :

  • Chlorique cuivrique : 1,5g.
  • Acide chlorhydrique : 30 cm3.
  • Eau distillée : 95 cm3.
  • Alcool éthylique : 30 cm3.

Cette solution peut être bien préparée par un pharmacien.

Après quelques minutes, un dépôt cuivrique que l'on enlève avec un tampon imbibé d'ammoniaque, le fibrage apparaît.

On conserve presque indéfiniment le résultat obtenu sur la surface de la pièce en interposant une mince pellicule de vernis incolore.

 

Technique de Le Chatelier-Dupuy :

  • Chlorure cuivrique : 1g.
  • Acide nitrique : 0,5 g.
  • Acide chlorhydrique concentré : 1,3 à 2,5 g.
  • Eau distillée : 10 cm3.
  • Alcool éthylique : 100 cm3.

Ce réactive s'applique quelques minutes seulement ; il permet surtout de mettre en évidence les régions riches en phosphore où les rayures se déclenchent plus facilement.

 

Réactif à l'acide nitrique :

Acide nitrique à 50% dans l'eau ou à 15 % dans l'alcool.

Ce réactif donne de bons résultats en ce qui concerne la mise en évidence des différences de structures après trempe sans revenu ; il est en outre bien adapté pour l'étude des trempes superficielles et des cémentations par le carbone.

 

Essai par ressuage :

But :

Mettre en évidence les défauts débouchant en surface (fissure, criques).

Principe :

Un liquide étalé en surface s'infiltre dans les fissures de la pièce et réapparaît par impression sur un dépôt spongieux. 

 

Pratique de l’essai :


  • Nettoyer soigneusement la pièce à contrôler avec du tétrachlorure de carbone, toluène, etc..
  • Imprégner la surface de la pièce à contrôler avec un liquide pénétrant (parfois chauffé) :
  1. Huile minérale ou solution fortement colorée en rouge ; 
  2. Formule de « Leiris » ;  
  3. Tétraline : 12 cm3 ;  
  4. Xylène : 12 cm3 ; 
  5. Rouge organol : 0,25 g ; 
  6. Alcool protylique : 1 cm3. 

    Appliquer ce liquide soit pas immersion, badigeonnage, ou pulvérisation.
  • Essuyer soigneusement l'excédent du liquide.
  • Saupoudrer la pièce avec un talc ou de la silice.
  • Le ressuage apparaît après quelques minutes. 

 

Complément d'information :

Contrôle par fluorescence :

Plus grande détection des défauts.

 

Principe :

Ce contrôle s'effectue dans les mêmes conditions que le contrôle par ressuage.

La composition du liquide est la suivante :

  • Pétrole : 600 cm3 ;
  • Huile minérale : 200 cm3 ;
  • Sel M.D.M.C : 1g (acétate de diméthylcoéroxénol).

 

Pratique de l’essai :

Le ressuage est mis en évidence par un renforçateur (silice fossile) jouant le rôle de talc.

La surface est alors éclairée par une lumière ultra-violette (lampe à vapeur de mercure).

Les défauts apparaissent selon des traces jaunes sur fond très noir.

 

Conclusion :

Le ressuage est applicable aussi bien sur les métaux ferreux que non ferreux et alliages légers.

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